C’était un soir. Je me trouvais chez moi, dans la maison familiale. J’ai 2 ans. Les images se juxtaposent…

Il fait nuit. Tout est sombre dans la maison. Sauf la cuisine. Je vois la lumière refléter sur le carrelage du couloir. Je suis effrayée. Extrêmement effrayée. Je sens que quelque chose ne va pas. Je suis cachée dans la salle de bain avec mon frère (qui a 4 ans). La porte est entrouverte et laisse passer la lumière de la cuisine. Je ferme les yeux, de toutes mes forces.

On ne me trouvera pas !

Je me retrouve tout à coup avec des adultes que je ne connais pas. Ils me font traverser le couloir pour prendre les escaliers et descendre. Où va-t-on ? Où m’emmène-t-on ? Qui sont ces grandes personnes ?

Je passe devant la cuisine. Au sol, des bouteilles renversées. J’avance vers les escaliers et là, je vois ma mère allongée sur un lit à roulettes. Des hommes la portent dans l’escalier. Où vont-ils ? J’ai envie de pleurer, de crier. Je ne le fais pas. J’ai peur. Extrêmement peur ! Au secours ! Quelqu’un peut-il venir m’aider ?!

Dans les escaliers, une femme nous attend. Elle me regarde. J’ai encore plus peur. J’ai compris. Je pars avec elle.

C’est à ce moment que je comprends, à l’âge de 2 ans, que ma vie prend une autre direction. Je commence cette nouvelle vie dans la frayeur, le malheur et le désespoir. Je me suis sentie impuissante face aux événements. Sans filet, sans protection, sans personne pour m’aider, me réconforter. Et mes ressentis de petite fille ne m’ont pas trompée : on m’a emmenée dans une famille d’accueil qui se révèlera maltraitante…