La toute première fois que j’ai ressenti l’angoisse, c’était lors de ma reprise au travail après mes 2 mois d’arrêt dus à la sarcoïdose. J’étais donc au travail et tout à coup, ce fut comme si je ne conduisais plus mon corps. Je marchais. Pas après pas. Ma tête perdant le contrôle, constatant que je marchais mais sans l’avoir voulu. Puis ce fut des vertiges et ensuite, la peur… incontrôlable elle aussi.
Cette fois-là, j’ai réussi à me ressaisir en faisant le clown, en m’efforçant de sourire, de rire même. Je me disais que j’oublierais cet état fort désagréable. Il fallait que je tienne la journée. Et j’y suis arrivée. Mais arrivée chez moi, j’ai tout relâché. La semaine suivante, je ne pus retourner au travail. C’était en novembre. Et depuis, l’angoisse s’est installée. Et j’ai fait des crises d’angoisses de plus en plus fortes. Je suis toujours en arrêt.
Mes crises d’angoisses se manifestent toujours de la même façon. Les sensations commencent dans les mâchoires. Elles se crispent. Puis c’est comme si un courant électrique glacial me parcourait les mâchoires, puis la nuque, remontant derrière la tête et se diffusant dans les bras. Cela se passe très très vite. C’est la phase que j’appelle de signal : je dois absolument revenir à ma respiration pour détendre mon corps. Et selon le déclencheur de la crise, j’y parviens ou pas.
Dans le cas contraire, la panique s’installe. Les sueurs froides me parcourent tout le corps. Je transpire abondamment. Mon souffle est court. J’ai mal au ventre. J’ai la gorge serrée. Puis tous mes muscles se crispent et je tremble. C’est horrible car je ne parviens pas à contrôler ces tremblements. Et enfin, je pleure et je suffoque. Cela m’est arrivé très rarement. 2 fois seulement.
Dans tous les cas, le seul moyen de revenir au calme est de m’allonger, de respirer, de me concentrer sur mes muscles à détendre. Cela peut prendre du temps. Il m’a rarement fallu prendre un anxiolytique. J’évite un maximum. Je veux d’abord comprendre comment faire sans aide puis par la suite, je serai moins dure avec moi-même et je m’autoriserai une béquille pour les crises incontrôlables.
Car retrouver le calme fatigue énormément. C’est épuisant. Tout comme veiller à maintenir son corps détendu en permanence. Mais je me dis que c’est une phase d’apprentissage et qu’après, cela deviendra automatique et ne m’épuisera plus. Je n’y penserai même plus.
Grâce à mon psychiatre (j’en ai trouvé un extraordinaire ! j’ai beaucoup de chance), j’ai compris le mécanisme des angoisses. Grâce à ses explications, j’en ai moins peur car il m’a donné des clés pour les vivre plus sereinement. La relaxation, le retour à soi, au présent, la pleine conscience.
Est-ce que ces clés vont me permettre de retrouver une vie normale ? dans une société où l’on doit travailler pour survivre ? Serai-je un jour capable de retourner au travail ? Affaire à suivre…