Il va s’agir à partir de maintenant, de petits traumas. De ceux qui te changent pour toujours, ou en tout cas, pour très longtemps mais qui ne sont pas si horribles que mes « vrais » traumas. Je ne suis plus en famille d’accueil.

J’ai mis pour titre « avec les garçons » mais je dois juste préciser qu’avec presque tous mes pairs, j’ai subi du harcèlement. Nous étions la seule famille du village d’origine arabe. Et j’ai été harcelée aussi à cause de cela. Depuis toujours, j’entends que je suis laide et grosse. De par tout mon entourage.

« grosse vache, sale bourrue, sale arabe, sale bougnoule » étaient leurs favoris.

Chaque fois que je recevais l’un de ces termes, je répondais allègrement car je ne manquais pas de caractère. Mais je n’avais qu’une seule envie : pleurer et me cacher. J’avais honte de moi. J’ai toujours eu honte de moi. Peut-être à cause de ce que j’ai vécu en famille d’accueil. Ma famille, sans la savoir ni le vouloir, accentuait ces moqueries. Tout le monde parlait de ma sœur. C’est vrai qu’elle était belle (elle l’est toujours) et féminine. On la comparait à Romy Schneider. On disait d’elle qu’elle était une vraie poupée. Le regard qu’ils posaient sur elle n’était pas du tout le même que celui qu’ils posaient sur moi, lorsqu’ils me voyaient… Je ferai un autre article concernant ma mère.

Bon. Je reviens à mes moutons, heu … garçons ! C’était lors d’un weekend en visite dans notre ancienne famille d’accueil (mes parents ont tenu à nous y emmener régulièrement ignorant tout…). Déjà que c’était un supplice pour moi, à chaque fois, d’y aller, de revoir cette maison, de les revoir eux (et c’était pire quand c’était eux qui venaient !). Je ne sais pas quel âge j’avais à ce moment-là. Une dizaine d’années je dirais. On était dans la chambre du bas, la seule où il y avait un ordinateur (la chambre de leur aîné il me semble). Il y avait des jeux avec un joystick spécial pour tirer sur les ennemis. Bref. Nous étions là, un des garçons de la famille d’accueil (on va l’appeler S.), mon frère et moi.

Je ne me souviens pas de l’enchaînement des événements, comment on en est arrivés là. Mais S. m’a forcée à m’allonger sur le lit. Bien entendu, je ne voulais pas. Je me défendais de toutes mes forces. Et j’en avais ! Il n’arrivait pas à me maîtriser. Alors, il a eu une aide extérieure : oui, mon propre frère. J’étais abattue. Comment était-ce possible ? D’accord, il était toujours du côté des garçons qui se moquaient de moi, jamais il me défendait en tant que grand frère. Mais de là à faire ça ! J’avais encore envie de pleurer mais n’en fis rien. Je détournais la tête et j’attendais que ce cauchemar se termine. Je pense que ces attouchements (et seulement cela) n’ont pas duré longtemps mais bien évidemment, pour moi, il s’est agi d’une éternité !

Je me suis sentie trahie, humiliée, honteuse et salie. Je n’en ai jamais parlé.

Par la suite, j’ai eu des petits amoureux. Tous ont eu honte de moi, et me cachaient. Tous. Pas une seule exception. Et moi, j’acceptais ces situations car au final, j’étais d’accord avec eux.